Utoya, 22 juillet : récit glaçant, anxiogène, en temps réel d’une tuerie

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Andrea Berntzen et Erik Poppe. (c) Gianfranco Zanin

Utoya, 22 juillet. Présenté en février dernier à la Berlinale, ce fut l’un des films le plus controversé de la Compétition berlinoise. Reconstitution brute, glaçante, en temps réel de la tuerie sur l’île d’Utoya, certains n’y ont vu qu’une certaine forme de voyeurisme macabre. D’autres ont déploré l’absence de questionnement sur les sujets politiques et la montée de l’extrême-droite. Le réalisateur Erik Poppe, lui, s’est défendu en déplorant qu’on ne parlait toujours que du terroriste, et jamais des victimes. Le résultat est en tout cas bluffant à bien des égards.

Un plan séquence d’1h30

Quelque soit l’avis que l’on puisse avoir en sortant de la salle, tous s’accorderont sur un point. La prouesse technique et la maîtrise de la caméra du réalisateur norvégien. Utoya, 22 juillet est un long plan séquence d’1h30 où le réalisateur choisit de suivre la jeune Kaja, présente sur l’île d’Utoya au moment de la tuerie. (inutile bien sûr de préciser que tous les personnages sont fictifs, qu’aucun proche ou parent ne puisse être en capacité de reconnaître l’un des siens). Les jeunes de l’université d’été du parti travailliste ont entendu les nouvelles d’une explosion dans le centre d’Oslo. Tous essaient d’en savoir un peu plus lorsque soudain les premiers tirs retentissent et la panique s’empare des jeunes gens qui ne comprennent pas ce qu’il se passe. Commence alors une longue (l’attaque a duré 72 minutes) et terrifiante reconstitution de ce que les jeunes ont enduré cet après-midi de juillet 2011. Dans les pas de Kaja, le réalisateur filme l’effroi et la panique d’une jeune fille qui cherche sa soeur tout en tentant d’aider les autres. Le résultat est glaçant, brut, et d’un réalisme incroyable. Les tirs et les cris résonnent sans discontinuer, et jamais, à l’exception de deux plans furtifs et lointain, le terroriste n’est montré. Le danger est invisible, le rendant d’autant plus effrayant.

Andrea Berntzen, la révélation

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Andrea Berntzen, en février 2018 à Berlin. (c) Gianfranco Zanin

Et ce réalisme n’est pas seulement le résultat d’une caméra à l’épaule collant au plus près des personnages. Il est surtout, et avant tout, le fruit d’une jeune actrice dont c’est le premier rôle, et qui délivre une prestation à couper le souffle. Ses larmes, sa panique, son désarroi et sa détermination saisissent le spectateur, pour ne plus le lâcher. En conférence de presse à Berlin en février dernier, Erik Poppe déclarait n’avoir jamais travaillé avec quelqu’un d’aussi exceptionnel. Il ne mentait pas, tant la performance est bluffante.

 

 

A chacun son avis

Il n’est pas nécessaire d’en rajouter plus. Utoya, 22 juillet est un film difficile, brut de décoffrage. C’est éprouvant, anxiogène, glaçant, et oui, il y a probablement un petit côté voyeur qui pourrait déranger certains. Mais le résultat est époustouflant. On en sort un peu groggy, signe que le réalisateur a fait mouche. A voir (et à méditer pour ceux qui le désirent) de façon impérative.

Utoya, 22 juillet est en salles depuis le 12 décembre.

 

Credit photo (c) Agnete Brun.

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