Derrière nos écrans de fumée : le documentaire sur les dangers des réseaux sociaux

Derrière nos écrans de fumée (ou The Social Dilemma pour le titre original) fait partie des nouveautés récemment ajoutées au catalogue de Netflix. Un documentaire en guise de réquisitoire contre les réseaux sociaux, et les dangers encourus par les utilisateurs.

A première vue, rien de bien neuf à l’horizon. Tout commence de façon assez classique en nous expliquant le business model des réseaux sociaux : collecter le plus de données possibles sur un utilisateur afin de lui proposer du contenu adapté à ses goûts, et le faire rester (et revenir !) le plus longtemps possible devant son écran. L’originalité vient que toutes les mises en garde sont proférées par des anciens de ces géants de la Tech, qui ont eux-mêmes développé ces produits. Qu’ils soient de chez Google, Facebook, Twitter ou encore Instagram, tous sont unanimes : les dangers des réseaux sociaux vont bien au-delà de ce qu’ils avaient (ou pas) imaginé à leur création.

Et le documentaire signé Jeff Orlowski amorce un premier virage : celui des dangers qui guettent l’individu, et notamment les plus jeunes. La dépendance aux Like et autres notifications en tout genre a des répercussions sur le quotidien des ados, tout comme l’incapacité à gérer une absence de Like ou des commentaires négatifs. Dépression, isolement, mise en marge de la société « réelle » n’en sont que les plus fréquents. Les chiffres présentés sur le taux de suicide et les admissions à l’hôpital des pré-ados et des ados américains sont sans appel. Après une constance régulière depuis toujours, ils explosent littéralement depuis 2011.

Dans sa dernière partie, le documentaire pousse le réquisitoire encore plus loin. Non plus à l’échelle de l’individu, mais à celle de la société dans son ensemble. En reprenant les multiples exemples de fake news, théories du complot, interférences dans les élections orchestrées par des Etats, les intervenants anticipent ou prédisent ni plus ni moins que le chaos à l’échelle mondiale. Les manifestations violentes (y compris celles des Gilets Jaunes en France), les émeutes en tout genre, la montée du populisme, tous sont la conséquence d’une utilisation néfaste des réseaux sociaux. Avec le clivage orchestré de la société, l’humain a désormais tendance à ne croire que les paroles de sa paroisse, sans même chercher à écouter celles du camp adverse. Et l’un des intervenants de conclure, que sa plus grande peur est de voir tout cela finir en guerre civile si rien n’est fait pour contrôler le contenu diffusé sur les réseaux.

Vous l’aurez compris, Derrière nos écrans de fumée est un réquisitoire sans appel contre les géants du Net qui engrangent des profits faramineux sans se soucier des conséquences sur les utilisateurs. En mêlant interviews et fiction pour illustrer leur propos (on retrouve notamment au casting Skyler Gisondo, Kara Hayward, et Vincent Kartheiser), le documentaire a le mérite de présenter son sujet de façon claire. Si la première partie peut surtout concerner les accros maladifs à leur smartphone, c’est dans sa dernière partie que le propos devient plus sombre et inquiétant. On nous rappelle qu’une fake news se répand six fois plus vite sur Twitter qu’une vraie news, avec de potentielles conséquences dangereuses, d’abord dans l’esprit des utilisateurs, puis dans leur comportement.

Derrière nos écrans de fumée, disponible sur Netflix depuis le 9 septembre.

Credit photos (c) Netflix.

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