Paranoïa de Soderbergh : heureusement Claire Foy est là !

Présenté en février dernier en avant-première mondiale à la Berlinale, Paranoïa (Unsane pour le titre original) est le dernier film de Steven Soderbergh, un thriller entièrement tourné à l’aide d’un iPhone. Un choix technique parfaitement assumé par le réalisateur américain, qui voit en cet accessoire l’avenir du cinéma. Si l’on est bien d’accord avec lui sur l’avantage que peut procurer l’iPhone comparé aux grosses machineries standards (y compris pour les acteurs, qui, grâce aux délais raccourcis entre deux scènes, peuvent rester dans leur personnage), force est de constater que le résultat visuel sur grand écran laisse encore à désirer. L’utilisation du grand angle procure bien évidemment une distorsion de l’image, qui peut parfois aider sur les plans rapprochés (et ils sont nombreux dans le film sur le visage de Claire Foy), qui peut parfois rappeler certaines images de Shinning, mais qui au final, donne un aspect très amateur et disgracieux au film. Voilà pour la forme.

unsane
Claire Foy porte Paranoïa entièrement sur ses épaules.

Concernant le fond, malheureusement, rien de bien réjouissant non plus à se mettre sous les yeux. Paranoïa est un thriller à huis-clos aux airs de déjà-vu. Sawyer (Claire Foy) est une jeune femme qui se retrouve internée par erreur, contre sa volonté, après avoir signé des papiers qu’elle n’a pas pris le temps de lire. Venue consulter après avoir fui l’homme qui la harcelait, elle finit par le recroiser là où elle s’y attendait le moins. Et c’est là que le fameux air de déjà-vu intervient. On commence peu à peu à s’interroger sur sa santé mentale. Tout cela est-il vrai, ou bien n’est-ce que le produit de sa propre imagination ? S’en suit alors un jeu du chat et de la souris entre Sawyer et David (Joshua Leonard) qui finit par vite lasser. Difficile évidemment d’en dévoiler plus au risque de tuer tout suspense. La vraie note positive de Paranoïa est incontestablement la performance de Claire Foy. Avec un rôle (et un physique) aux antipodes de celui qui lui a valu la reconnaissance dans le monde entier, celui de la reine Elisabeth dans The Crown sur Netflix, l’actrice britannique montre ici toute l’étendue de son talent. Prisonnière malgré elle de cet établissement psychiatrique aux enjeux financiers douteux, l’actrice incarne à merveille les différentes phases par lesquelles passe son personnage. A ces côtés, nous retrouvons une Juno Temple quasi méconnaissable, et Jay Pharoah, avec qui elle partage certaines scènes les plus intéressantes du film.

Avec un scénario plutôt basique, Paranoïa peine à garder le spectateur en haleine malgré quelques rebondissements et scènes plutôt tendues. La bande-annonce en tout cas laissait présager quelque chose de plus haletant. Certains se déplaceront (et Soderbergh en convient parfaitement) simplement parce que Paranoïa a été estampillé de l’étiquette « filmé à l’iPhone ». Pour conclure sur une note plus positive, nous dirons qu’avec un budget aussi petit que la caméra qu’il tenait entre les mains, Steven Soderbergh parvient grâce à son talent (et à celui de son actrice principale) à éviter le pire.

Vous pouvez retrouver la bande-annonce de Paranoïa ci-dessous, et ici, les photos de Claire Foy, Joshua Leonard et Steven Soderbergh lors de la présentation du film en février dernier à Berlin.

 

Credit photos (c) Twentieth Century Fox.

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