Kiss Me First : réalité virtuelle, frustration réelle !

Quelques semaines après sa diffusion anglaise sur Channel 4, Netflix offre au reste du monde (et donc à la France) Kiss Me First, la dernière création série de Bryan Elsley, le co-créateur de Skins. Adaptée du roman éponyme de Lottie Moggach, Kiss Me First nous plonge dans le monde de la réalité virtuelle, et plus précisément au coeur d’Azana, monde virtuel servant de refuge ou d’évasion aux joueurs. On y suit Leila, une jeune adolescente solitaire et introvertie qui après le décès de sa mère s’y plonge de façon éperdue afin d’oublier la réalité. Dans ce monde virtuel, elle fait la connaissance de Tess qui l’invite dans un secteur secret et caché d’Azana, où seuls vivent une poignée de jeunes gens/joueurs, dont Adrian, le chef énigmatique de ce clan. Après avoir rencontré Tess dans la vie réelle et usurpé son identité dans le jeu, Leila découvre les véritables intentions d’Adrian, qui vient de pousser au suicide l’un des membres du groupe. Afin d’empêcher que Tess ne tombe à son tour dans les griffes manipulatrices d’Adrian, Leila décide de découvrir la véritable identité de ce dernier, et le thriller peut alors commencer.

Kiss Me First
Tallulah Haddon, véritable révélation de Kiss Me First

Car Kiss Me First est avant-tout un thriller où les morts sont bels et bien réels. Alternant entre monde virtuel et réel, les trois premiers épisodes installent parfaitement l’intrigue et captent sans aucun effort l’attention du spectateur. Les décors du monde virtuel d’Azana ont un côté onirique, enchanteur et coloré, contrastant avec la grisaille des difficultés de la vie réelle. Malheureusement, la série commence à se perdre en route à partir du quatrième épisode où tout commence à devenir confus, répétitif, et parfois même incohérent. Et l’apogée est atteinte avec le cinquième épisode, sorti un peu de nulle part (on se retrouve visiblement en Croatie sans trop savoir pourquoi ni comment !), où le spectateur se dit qu’il a dû louper un ou deux épisodes précédents. Et ce n’est sûrement pas le sixième et dernier épisode de la saison qui redressera la barre, laissant le spectateur sur un final décevant, un méchant dont on ne comprend pas tout, et ne répondant à aucune des questions clés de l’intrigue.

Sans être particulièrement mauvais, Kiss Me First est surtout frustrant. La série offre dès le départ un potentiel certain et aborde les thématiques de la vie moderne, de l’isolement des adolescents se réfugiant dans une réalité virtuelle, du mal être au quotidien, à l’addiction en tout genre. En plus de Leila, tous les autres protagonistes souffrent d’une manière ou d’une autre dans leur vie. En combinant cela avec les ingrédients du thriller, d’un coming-of-age et d’un monde de science-fiction, Kiss Me First avait tout pour être passionnant. Frustrant également au regard de la prestation délivrée par Tallulah Haddon dans le rôle de Leila. Inconnue au bataillon, ce premier rôle pour elle, nous offre une vraie révélation de jeune actrice. D’un personnage renfermé, timide et paumé au début, elle incarne avec aisance et talent sa lente transformation vers une maturité et une détermination farouche. A ses côtés, Simona Brown (Tess) et Matthew Aubrey (Jonty) sont eux-aussi parfaits dans leur rôle.

En résumé, Kiss Me First s’adresse plus particulièrement à un public jeune, qui, peut-être moins exigeant, saura lui pardonner ses incohérences et une deuxième partie de saison confuse et décevante. Sachant que dès le départ les créateurs de la série ont annoncé leur intention d’écrire l’histoire sur plusieurs saisons (le final ouvre d’ailleurs la porte en grand à une suite éventuelle), reste à savoir si le public (et notamment les abonnés Netflix) saura répondre présent. Réponse probablement dans les prochaines semaines.

La première saison de Kiss Me First se compose de 6 épisodes de 45 minutes, et est disponible sur Netflix depuis le 29 juin.

Credit photos (c) Channel 4.

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