Jojo Rabbit : la satire hitlérienne déjantée à voir absolument
Si la question de savoir s’il est permis de rire de tout revient régulièrement à l’esprit de certains, le réalisateur néo-zélandais Taika Waititi ne se l’est pas posée au moment d’écrire et de réaliser la comédie Jojo Rabbit. Une satire hitlérienne délirante qui débarque en salles ce mercredi, et qu’il ne faut surtout pas louper.
Jojo, 10 ans, s’apprête à connaître le weekend le plus excitant de sa vie. Celui où, lui et ses petits camarades des jeunesses hitlériennes, vont pouvoir démontrer leur amour pour le Führer et la Patrie, en s’initiant aux techniques de la guerre, et en brûlant des livres ! Mais tout ne se passe pas exactement comme prévu, lorsque le jeune garçon se retrouve incapable de tuer un pauvre lapin innocent (ce qui lui vaudra son surnom de Jojo Rabbit), mais surtout lorsqu’une grenade à main lui revient en pleine poire, le mettant définitivement hors-jeu pour le « combat ». Mais son monde de parfait petit nazi en devenir va véritablement s’écrouler lorsqu’il découvre que sa mère cache une jeune fille juive au grenier.
Les dix premières minutes du film donnent, comme la bande-annonce ci-dessous, immédiatement le ton du film. On est parti pour 1h40 de délire parfaitement bien orchestré par Taika Waititi. Jojo, du haut de ses 10 ans, est l’archétype même du bon petit soldat endoctriné et nourri d’une idéologie que l’on ne cherche même pas à discuter. Avec comme ami imaginaire le Führer himself, Jojo est fort de ses certitudes, mais les failles ne vont pas tarder à apparaître. Dès la scène avec le lapin, le petit garçon qu’il est prend le dessus sur le nazi qu’il croit être. Et la rencontre avec Elsa, la juive cachée par sa mère, va mettre à mal ses croyances les plus profondes. Si lui ne voit dans « le juif » que le démon en personne, elle, sait le convaincre qu’il n’est avant tout qu’un petit garçon de 10 ans. Et la comédie va alors céder la place à un dernier tiers du film bien plus émotionnel. Un premier événement (que l’on gardera pour nous) et superbement bien filmé vient ébranler la vie de Jojo. Une sorte de retour à la réalité, ou d’éveil sur la guerre et ses conséquences. Car finalement, le parcours de Jojo dans ces derniers mois de guerre n’est, en filigrane, que celui du peuple allemand pendant la seconde guerre mondiale. D’abord les certitudes, puis les premièrs doutes, et enfin la désillusion.
Evidemment, derrière toute satire se cache un message, et tout le monde ici saura le décrypter, tant il est évident. Taika Waititi parvient à faire de sa comédie une oeuvre drôle, absurde mais surtout touchante. Et une bonne part de cette réussite est à mettre au crédit d’un casting exceptionnel. A commencer par lui-même dans la peau d’un Adolf Hitler hilarant, bête comme ses pieds, et pour tout dire, un peu débile. On ne peut s’empêcher ici de penser au célèbre Dictateur de Charlie Chaplin ! Et puis il y a bien évidemment le jeune Roman Griffin Davis, absolument bluffant dans le rôle du jeune Jojo. Le jeune acteur britannique de 13 ans voit sa performance couronnée d’une nomination aux Golden Globes dans la catégorie ‘Meilleur Acteur’. Rien que ça. A ses côtés, la jeune Thomasin McKenzie (Leave no trace, The King) confirme tout le bien que l’on pensait d’elle. Sa beauté froide, fragile, en font l’interprète idéale pour la jeune juive ayant perdu espoir et famille. Et nous n’oublierons pas Scarlett Johansson, parfaite dans le rôle de la mère de Jojo, Sam Rockwell en officier allemand un brin désabusé, et Rebel Wilson, délirante en instructrice bulldozer et en mode survitaminé.
En résumé, si vous aimez les comédies noires déjantées, portées par un casting, une réalisation et une photographie impeccables, le tout au son des Beatles, de David Bowie ou encore de Roy Orbison, alors Jojo Rabbit est définitivement fait pour vous. Avec six nominations aux prochains Oscars (dont celle du meilleur film), Jojo Rabbit est à coup sûr notre premier coup de coeur de l’année. Le film de la semaine à voir absolument !
Jojo Rabbit, de Taika Waititi, en salles le 29 janvier.
Credit photos (c) Twentieth Century Fox.
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